Les bulletins d’informations quotidiens des deux dernières années rapportent fréquemment que dans les derniers mois, l’inflation élevée mettait énormément de pression sur les Canadiens, alors que sévissent des perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale et des pénuries de main-d’œuvre découlant de la pandémie. Comparativement à 2021, l’indice des prix à la consommation (IPC) au Canada a augmenté de 6,8 % pour tous l’ensemble des produits. Les trois premières protéines de bœuf ont subi une hausse de l’IPC plus élevée que celle de toutes les autres denrées. Comparativement à 2021, la population canadienne a dû payer 7,7 % plus cher pour la même quantité de poulet, alors que les pourcentages correspondants pour le bœuf et le porc s’élevaient à 8,5 % et 3,5 % respectivement.
Les données de Statistique Canada révèlent que chaque Canadien a consommé 2,8 kg (3,3 %) plus de viande en 2022 comparativement à l’année précédente, malgré la forte inflation et les sept augmentations du taux directeur de la Banque du Canada. En 2022, première année de croissance positive depuis l’épidémie en 2020, chaque Canadien a acheté 88,3 kg de viande variée en moyenne. En raison de son prix plus abordable que le bœuf et le poulet ainsi qu’une inflation plus lente, voire négative, de certaines de ses découpes, le porc s’est hissé en tête des protéines, gagnant 1,2 kg par personne. Le poulet figure au deuxième rang des contributeurs à cette hausse de consommation de viande, obtenant 0,9 kg, et comme l’une des deux seules catégories de viande à avoir atteint ses niveaux prépandémiques (l’autre protéine étant le mouton et l’agneau). Malgré un prix relativement élevé, la consommation de bœuf s’est accrue de 0,7 kilogramme par habitant en 2022. Voir la figure 1 pour plus de détails.
Figure 1 – Consommation de viande par habitant au Canada (après 2011)
L’autre bonne nouvelle pour le poulet est qu’il maintient sa position élevée parmi toutes les protéines, ce qui n’est pas surprenant. Depuis 1960, les Canadiens ont toujours consommé moins de 10 % d’autres types de viandes comme l’agneau, le veau, la poule et la dinde. Cela explique pourquoi les secteurs primaires des protéines de viandes vivent une concurrence intense. L’écart entre le bœuf et le poulet s’est accentué de 2,4 points de pourcentage (33,4 % contre à 31 %) à 12 points de pourcentage (40,1 % contre 28,1 %) dans les dix dernières années. Depuis 2021, le poulet représente plus de 40 % des sources de protéines de viande par Canadien, atteignant même un sommet de tous les temps à 40,3 %. Ce pourcentage a légèrement diminué à 40,1 % en 2022 en raison de la hausse de consommation de porc. L’évolution de la répartition des protéines de viande depuis 1960 est présentée dans la figure 2.
Figure 2 – Répartition des protéines de viande au Canada (disponible depuis 1960)
En 2022, les Américains ont consommé 128,5 kg de viande, soit 1,1 kg (0,9 %) de plus qu’en 2021. En comparaison avec les Canadiens, pour qui les habitudes de consommation étaient plus sensibles au prix et à l’inflation, les Américains ont consommé 1,27 kg (2,5 %) plus de poulet par personne en 2022 qu’en 2021, et ce, même si l’IPC du poulet s’est élevé à 14,8 % en moyenne, en raison notamment d’une pénurie de poussins et d’un taux plus élevé de mortalité des poules au début de 2022, un taux beaucoup plus élevé que l’IPC moyen de la viande (8,2 %). La consommation de bœuf et de porc a aussi connu une hausse, mais faible celle-là, une situation en partie attribuable au fait que les Américains sont moins friands de viande rouge pour des questions de santé. Au Canada comme aux États-Unis, la consommation de dindon a radicalement chuté. La figure 3 résume la consommation de viande par habitant aux États-Unis depuis 2011.
Figure 3 – Consommation de viande par habitant aux É.-U. (après 2011)
Lorsque l’on compare les parts, les deux nations nord-américaines affichent des habitudes semblables, outre le fait que les Américains laissent une moins grande place aux autres catégories de viande que les Canadiens. De plus, le poulet a surpassé la marque des 40 % en 2021 et sa part de marché a continué de grimper en 2022 pour atteindre 40,7 %. Consulter la figure 4 pour voir l’évolution depuis 1970.
Figure 4 – Répartition des protéines de viande aux États-Unis (disponible depuis 1970)
Nous avons examiné la consommation de chacune des principales protéines de viande par habitant à l’échelle mondiale. La consommation de poulet au Canada se classe au 21e rang au monde, en baisse d’un rang par rapport à 2021, selon les calculs réalisés à partir des statistiques de l’USDA sur la disparition intérieure et les projections de population des Nations Unies. Dans les 10 premières nations consommatrices de poulet, les populations ont consommé en moyenne 50,4 kg de poulet en 2022. Trois pays de l’Amérique du Sud, dont le Brésil et l’Argentine, figuraient parmi les 10 plus grands pays producteurs de poulet, suivis de six pays asiatiques, particulièrement de l’Asie occidentale, dont la population est majoritairement musulmane. Du côté de la consommation de bœuf par habitant, le Canada arrive au huitième rang au monde en 2022, en hausse de trois positions par rapport à l’année précédente. La moyenne de consommation de bœuf par habitant dans les 10 premiers pays consommateurs de cette protéine s’élevait à 31,2 kg. Une fois de plus, les nations sud-américaines représentent plus de la moitié des pays éleveurs de bœuf. Les pays et régions de l’Asie du Nord-Est dominent avec 5 des 10 plus grands pays consommateurs de porc selon les données sur les habitudes alimentaires. En 2022, le Canada se classe au 17e rang mondial.
Les figures ci-dessous présentent les 10 premiers pays consommateurs de chacune des protéines ainsi qu’une ventilation par région.
Figure 5 – 10 pays ayant la consommation de viande par habitant la plus élevée en 2022
En conclusion, la population canadienne continue de favoriser le poulet dans l’assiette. La demande de bœuf dans le marché semble revenir aux niveaux d’avant la pandémie. Lorsque l’on compare les viandes concurrentes, le poulet continue de faire bonne figure avec 40 % du choix des consommateurs en Amérique du Nord et est aussi bien présent à l’échelle mondiale.