Introduction

La recherche de substituts aux antibiotiques dans la production de volailles représente un défi actuel. L’industrie s’efforce de trouver des solutions de remplacement aux antibiotiques qui garantissent la production d’oiseaux sains, tout en évitant que les bactéries pathogènes intestinales ne provoquent des infections d’origine alimentaire chez l’humain. Dre Adewole et son équipe et son équipe d’étudiants diplômés se penchent sur les additifs alimentaires afin de déterminer s’ils peuvent remplacer les antibiotiques dans l’alimentation des poulets. Le cornouiller stolonifère (CS, Cornus stolonifera) est un arbuste ornemental à croissance naturelle que l’on trouve dans toutes les provinces du Canada. Le CS est un nouvel ingrédient pour l’alimentation animale riche en polyphénols, ces derniers étant connus pour leurs propriétés antioxydantes et bénéfiques pour la santé. Scales (2015) a constaté que l’ajout de CS à l’alimentation de porcs sevrés réduisait l’utilisation d’antibiotiques. De même, Amarokoon (2017) a rapporté que la plante protégeait les porcelets sevrés contre le stress oxydatif induit par l’infection à E. coli. Dans cette étude, les chercheurs examinent les effets antioxydants et antimicrobiens du CS sur les poulets de chair lorsque leur système immunitaire est stressé par une injection de lipopolysaccharide de Salmonella Enteritidis (LPS-SE), une biomolécule produite lors de la décomposition de la bactérie SE. Il ne s’agit pas d’une forme vivante de la bactérie SE, mais d’un métabolite pouvant avoir une incidence négative sur la santé des oiseaux.

 

Objectif

L’objectif de cette étude visait à déterminer le potentiel de l’extrait de CS à 0,3 % et 0,5 % comme solution de rechange aux antibiotiques dans l’alimentation, en évaluant son effet sur les performances de croissance, les paramètres biochimiques sanguins, la santé intestinale et l’effet antioxydant chez des poulets de chair soumis à du LPS-SE.

Retombées dans l’industrie

Cette étude indique que de l’extrait de CS à 0,3 % ou 0,5 % peut être utilisé pour remplacer les antibiotiques dans l’alimentation des poulets de chair sans avoir d’incidence négative sur les performances de croissance.

 

Essai

Des poulets de chair âgés d’un jour (de race Cob 500) ont été répartis au hasard dans huit groupes de traitement contenant huit cages répliquées de six oiseaux chacune. L’étude comptait deux groupes (un soumis et un non soumis au test de LPS-SE) et quatre traitements alimentaires allant comme suit :

Régime 1 (CN) – Contrôle négatif, c’est-à-dire une alimentation à base de maïs, de blé et de soja
Régime 2 (BMD) – CN + 0,05 % de BMD (antibiotique)
Régime 3 (CS 0,3) – CN + 0,3 % d’extrait de CS
Régime 4 (CS 0,5) – CN + 0,5 % d’extrait de CS

Le groupe non soumis au test de LPS-SE a été nourri avec les régimes ci-dessus et, aux jours 13 et 20, a reçu une injection d’une solution saline tamponnée. Le groupe soumis a reçu une injection de LPS-SE aux jours 13 et 20.

Le poids corporel moyen (PCM) ainsi que la consommation moyenne d’aliment (CMA) ont été relevés chaque semaine pour chaque cage et les mortalités ont été consignées quotidiennement pour corriger la CMA et l’indice de conversion alimentaire (ICA). Au jour 21, 80 oiseaux (10 oiseaux de chaque traitement) ont été choisis au hasard, pesés individuellement et euthanasiés. Au jour 36, deux oiseaux ont été choisis au hasard dans chaque enclos et euthanasiés. Des échantillons de sang et le contenu des cæcums ont été prélevés, et la morphologie de l’intestin a été examinée. Les paramètres d’étude suivants ont été déterminés : consommation d’aliments, poids corporel, gain de poids corporel, indice de conversion alimentaire, poids des organes, concentration d’acides gras à chaîne courte (AGCC), chimie du sang et identification du microbiote intestinal.

 

Résultats

• Au jour 7, il n’y avait pas de différences dans les mesures de performance entre les traitements alimentaires ni entre les groupes qui ont été soumis ou non au LPS-SE.
• Aux jours 14 et 21, l’extrait de CS à des taux de 0,3 % et 0,5 % a amélioré de façon marginale le gain de poids moyen des oiseaux non soumis au LPS-SE par rapport aux autres traitements alimentaires dans le groupe non soumis au LPS-SE.
• Le gain de poids moyen au jour 14 et l’indice de conversion alimentaire au jour 21 étaient améliorés chez les oiseaux non soumis par rapport au groupe soumis, ce qui indique que l’injection de SE-LPS a réduit l’utilisation des nutriments de l’aliment.
• Tout au long de l’étude, les performances de croissance des oiseaux nourris avec les régimes à 0,3 % et 0,5 % de CS se comparaient favorablement à celles des oiseaux nourris avec le régime antibiotique (BMD), que les oiseaux aient été soumis ou non à l’injection de LPS-SE.
• Les résultats indiquent qu’un supplément de CS à 0,3 % et 0,5 % est suffisant pour maintenir et améliorer une structure intestinale saine par rapport aux oiseaux nourris avec le régime BMD. Toutefois, les résultats se sont avérés meilleurs avec un taux de 0,3 %.
• Le supplément alimentaire d’extrait de CS à 0,3 % et 0,5 % a amélioré la bonne microflore intestinale, le lactobacille, sans compromettre le système immunitaire des oiseaux.

Tableau 1. Effet de l’extrait de cornouiller stolonifère sur la performance de croissance des poulets de chair soumis à un test de LPS-SE du jour 0 au jour 21

1. Basal = régime en contrôle négatif; BMD = régime antibiotique BMD (bacitracine disalicylate de méthylène); CS 0,3% = régime contenant 0,3 % d’extrait de cornouiller stolonifère; CS 0,5 % = régime contenant 0,5 % d’extrait de cornouiller stolonifère
2. CMA = consommation moyenne d’aliments; GPM = gain de poids moyen; ICA = indice de conversion alimentaire
Sur une ligne, les moyennes accompagnées de lettres minuscules différentes sont significativement différentes, P < 0,05 (procédure de Tukey)