Réponse – Manitoba Cooperator – Le système de gestion de l’offre: Bon pour le Canada, bon pour les Canadiens

Dans le récent article intitulé Supply Management Protects Few, Could Harm More (La gestion de l’offre : peu de protection et plus de mal que de bien), les auteurs reprennent la même chanson au sujet de la gestion de l’offre.  On recommence … mais cette fois en y mettant plus de cœur!

La gestion de l’offre n’a pas empêché la conclusion d’accords commerciaux. Le système existe au Canada depuis plus de 40 ans, période durant laquelle le Canada a négocié avec succès des douzaines d’accords commerciaux avec plus de 50 pays, sans affecter son aptitude à produire ses propres produits laitiers, avicoles et ovocoles.

Ensuite, il est faux de croire que le démantèlement de la gestion de l’offre en Australie et en Nouvelle-Zélande s’est révélé « profitable » pour les consommateurs.  L’Australie a démantelé son système de gestion de l’offre en 2001 et les consommateurs n’ont pas encore vu de baisse dans le prix du lait, et il en est de même pour les consommateurs de la Nouvelle-Zélande.

Il en est ainsi parce que la gestion de l’offre n’établit pas les prix de détail.  Ce sont les détaillants qui fixent les prix de détail en tenant compte de facteurs tels le positionnement de la marque et la logistique.  C’est pourquoi le prix du poulet peut varier grandement d’un magasin à une autre. À Ottawa, par exemple, le prix d’une poitrine de poulet désossée et sans peau peut varier entre 8,80 $ et 26,43 $ le kg, un écart de près de 18 $ pour le même produit. Le producteur qui a fourni le produit en question a reçu le même montant, peu importe le coût final.

Au Canada, les éleveurs de poulet reçoivent en moyenne 1,54 $ le kilogramme, montant qui couvre principalement la moulée et les poussins. Depuis 2013, le prix touché par ces producteurs a baissé de 10,2 % alors que les prix de détail ont augmenté de près de 4 %.  Cela indique qu’il n’y a aucun lien entre le prix que reçoivent les producteurs et le prix à la consommation qui est établi par les détaillants.

Du point de vue des services alimentaires, la part du producteur est, dans la plupart des cas, inférieure aux taxes sur un repas de poulet et beaucoup moins que le pourboire que reçoit la serveuse ou le serveur qui travaille pendant une heure au restaurant.

Les revenus des producteurs en régime de gestion de l’offre sont dictés uniquement par le marché. Ils ne sont pas subventionnés, ce qui signifie que seuls les consommateurs de poulet payent pour le poulet. Dans d’autres secteurs, les producteurs reçoivent une aide substantielle des gouvernements. Dans ces cas, les consommateurs payent le double pour ces produits, soit une fois par les impôts qu’ils versent et une autre fois lorsqu’ils achètent les produits en question.

La gestion de l’offre a protégé les consommateurs à faibles revenus contre les hausses récentes du prix des aliments, le prix des autres sources de protéines augmentant de façon importante alors que les prix du lait, des œufs et de la volaille sont demeurés constants. Le poulet a toujours été la source de protéines la moins dispendieuse. Depuis 2013, par exemple, le prix du poulet au détail n’a augmenté que de 3,5 % alors que celui du bœuf et du porc a augmenté de 32,2 % et 13,6 % respectivement.

La gestion de l’offre soutient plus de 348 000 emplois dans les domaines de l’agriculture et de l’agroalimentaire, plus spécifiquement dans la production et la transformation du poulet, des œufs, du dindon et des produits laitiers. Ensemble, ces secteurs contribuent 29,6 milliards de dollars au Produit intérieur brut du Canada (PIB) et plus de 6,9 milliards de dollars en revenus fiscaux pour les gouvernements. À lui seul, le secteur du poulet compte 2 803 éleveurs et 191 transformateurs qui soutiennent 87 200 emplois, contribuent 6,8 milliards au PIB et versent 2,2 milliards en revenus fiscaux, tout en encourageant les autres producteurs canadiens en achetant 2,6 millions de tonnes de céréales fourragères.

Il faut changer la chanson. Le démantèlement de la gestion de l’offre ne réglera en rien la pauvreté et l’insécurité alimentaire au Canada.  La gestion de l’offre contribue à la stabilité en milieu rural en créant de l’emploi à des salaires raisonnables, tout en offrant aux consommateurs canadiens des sources de protéines sécuritaires et à bon prix.  En fait, la gestion de l’offre fait partie de la solution canadienne.

 

Michael Laliberté,
Directeur exécutif
Les Producteurs de poulet du Canada